Doula, c’est quoi ça? Sur le chemin des parents, sac au dos

Image d'illustration Doula c est quoi ça sur le chemin des parents

La définition est belle, mais elle ne convainc pas encore suffisamment les futurs parents. Que se cache-t-il derrière les mots? Et pourquoi est-ce que tant de parents n’arrivent pas à cerner précisément ce que peut leur apporter une doula?

La doula accompagne et soutient une autre femme et son entourage pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale. Forte de son expérience de vie et de sa formation, elle offre aux parents un soutien sur mesure pendant plusieurs mois en toute confidentialité. Son accompagnement est strictement non médical et ne remplace en aucun cas le suivi des professionnels de la santé choisi par les (futurs) parents.

Association Francophone des Doulas de Belgique (www.afdb.be)

« Accompagne », « soutient », « sur mesure », et si c’est « non-médical », c’est quoi alors? Autant de mots vagues, qui recouvrent des pratiques parfois très différentes, justement parce que la particularité du métier de doula est de s’adapter aux demandes et aux besoins de chaque parent. Difficile dans ce cas de prédire ce qui va concrètement se passer. D’autant plus qu’en tant qu’être humain nous avons souvent du mal à identifier clairement nos besoins, que ceux-ci évoluent, que notre réflexion est loin d’être linéaire, que nous sommes imprégnés d’une culture, le fruit d’une éducation, et que nos émotions viennent colorer le tout.

Le mot Accompagnement

A côté de la définition classique du Larousse de l’« action d’accompagner quelqu’un dans ses déplacements », elle me plaît -en tant que violoniste- celle plus musicale d’un « ensemble des sons qui s’harmonisent avec une ou plusieurs parties ».

Les sons en musique, c’est pour moi l’agencement des notes, qui varient en rythme, en cadence, en intensité, en intention. Une même partition ne peut jamais être jouée deux fois de la même manière. Les émotions de l’interprète, son état physique et l’environnement dans lequel il joue ont un impact sur les sons qu’il produit.

J’aime bien cette métaphore avec la musique car elle pointe deux choses que je trouve essentielles dans ma pratique de doula:

  • Une histoire de couple, de grossesse, de naissance n’est jamais une autre. Et c’est bien pour cette raison qu’il est impossible de standardiser le métier de doula. Même si les trajets semblent parfois se ressembler (ex. une maman dont la grossesse se passe bien, qui est suivie uniquement par un gynéco et qui souhaite accoucher, pourquoi pas sous péridurale, dans un hôpital), c’est toujours une recherche d’harmonie avec les parents. Pour être à l’écoute de leur vécu, pour faire émerger leurs besoins, pour pouvoir répondre à leurs demandes…
  • Je me mets au diapason des parents que je rencontre. M’accorder sur leur ton, sans juger s’ils sont en mode mineur ou majeur, accueillir tout ce qui vient comme accords, comme fausses notes, comme points d’orgue, mais aussi déceler et gérer mes propres dissonances (mes croyances par exemple), sont une attention permanente. 

Cheminer

Je me demande si finalement je n’ai pas plus embrouillé les pistes en évoquant la musique ! Alors pour simplifier, j’ai juste envie d’utiliser le mot CHEMINER. Car, tous comme les futurs parents, je me mets en route avec eux. Cette route, c’est eux qui la choisissent, elle n’est pas tracée d’avance. En tant que doulas, nous marchons côte-à-côte avec les parents et prenons ensemble le temps de nous arrêter pour réfléchir, de décider quelle voie choisir à un embranchement, d’éventuellement faire demi-tour, de trébucher, de se relever, de regarder autour de nous pour élargir l’horizon et faire des choix en conscience. 

J’adore voyager sac au dos, juste avec l’essentiel. Lorsque j’embraye la marche d’une maman, ou d’un couple, j’emporte mon petit sac-à-dos de doula. Je peux y puiser plusieurs outils:

De l’information pendant la grossesse

sur la physiologie de l’accouchement, sur les lieux de naissance, sur la péridurale, sur les protocoles à l’hôpital par exemple. Ou encore sur le choix de l’allaitement ou du biberon, sur le sommeil ou les pleurs du bébé, sur la grande traversée du désert, sur ce qu’Ingrid Bayot appelle « le quatrième trimestre de la grossesse »…

De la prévention

faire éclore des pistes pour éviter d’être submergé.e par la fatigue ou par la charge mentale du quotidien (ex. organiser un système de visite qui respecte les besoins de la maman et du bébé, déléguer les navettes pour l’école de l’aîné, pour éviter de devoir embarquer le bébé à un moment où il dort), parler des moyens qui favorisent l’attachement (portage, allaitement, peau-à-peau, co-dodo…). 

De l’aide concrète après la naissance du bébé 

une présence à domicile pour permettre à la maman de faire des siestes, de prendre une douche à l’aise, de se sentir moins seule, de (re)prendre confiance dans sa capacité à nourrir son bébé…

Des outils pratiques comme le yoga prénatal, l’utilisation du ballon de naissance, les massages… et bientôt la méthode Bonapace !

pour rester en mouvement pendant la grossesse, pour se sentir connecté.e à son bébé, pour s’approprier -au lieu de rejeter- la douleur des contractions, pour se relaxer, pour adopter les postures favorables, pour que le papa puisse se sentir utile le jour de l’accouchement si c’est son souhait…

Un carnet d’adresse

avec plein de professionnels qui peuvent assurer un relais en cas de difficultés (isolement, stress, trauma…), ou selon des besoins précis (kiné postnatale, ostéopathie, consultante en lactation, coaching parental…) 

Des bouquins

pour permettre aux parents de s’informer, de réfléchir, de faire des choix éclairés. En ce moment, le top 5 des livres que je recommande le plus sont d’ailleurs:

Isabelle Brabant, « Une naissance heureuse », Ed. Saint-Martin, Montréal, constamment réédité
Armelle Touyarot, « Pas à pas », Editions Satas, 2006
Michel Odent, « Votre bébé est le plus beau des mammifères », Albin Michel, 1990
Ina May Gaskin, « Le guide de la naissance naturelle : Retrouver le pouvoir de son corps », Editions Mama, 2012
Dr. Rosa Jové, « Dormir sans larmes », Les Arènes Eds, 2017

En fait, en lisant tout cela, il a l’air plutôt lourd mon sac-à-dos de doula ! En réalité, je sens peu de poids sur mes épaules. Pourquoi? Parce que finalement, l’outil principal, fondamental, qui me guide lorsque je plonge la main dans mon sac-à-dos, c’est l’ECOUTE et l’INTERET pour le vécu des parents. C’est en tout cas, pour ma part, ce qui me permet de voyager à leurs côtés, vers leur destination, en chaussant leurs baskets.

Bon voyage!