Véronique Docquier, elle m’a donné l’envie d’être doula

Photo de Veronique Docquier

Elle nous a donné confiance pendant la grossesse et pour la naissance de Lynn et Olivia, deux de nos filles. Sa profonde bienveillance, sa qualité de présence, ses nombreuses années d’expérience et son parcours de vie font de Véronique Docquier une femme exceptionnelle. Portrait de celle qui m’a donné l’envie de devenir doula!

Peux-tu retracer ton parcours ? 

Ergothérapeute à 21 ans en 1984, j’avais l’idée de continuer éventuellement mes études pour être kiné. Pour des raisons personnelles et comme on me proposait un travail, j’ai décidé de plutôt commencer à travailler. Je me suis ensuite formée en éducation psychomotrice en 2 ans en cours du soir au Parnasse où j’avais réalisé mes études. Si je voulais devenir kiné c’était pour pouvoir travailler en psychomotricité et en pré et post natal avec les mamans.

J’ai eu mes 3 premiers enfants puis nous sommes partis 2 ans travailler à Madagascar pour l’ONG  Handicap international. De retour en Belgique, l’idée de travailler autour de la naissance s’est concrétisée. Je me suis formée en 4 ans en préparation affective à la naissance avec Brigitte Dhomen – une des premières élèves de Veldman qui a crée l’Haptonomie. Brigitte nous avait accompagné pour la préparation à la naissance de notre 3ème enfant. Elle a apporté dans sa formation tout son bagage psychologique, son expérience auprès des enfants et leurs parents en néonatologie…

Cette formation m’a beaucoup apportée personnellement et professionnellement.

j’ai commencé à pratiquer chez moi tout en continuant mon travail d’ergothérapeute mi-temps.

et en même temps nous avons attendu notre 4ème enfant…:), j’ai donc servi de « cobaye » la dernière année de formation ;).

Puis j’ai changé de travail et finalement je suis devenue ergothérapeute en pédiatrie avec des enfants porteurs de polyhandicap où l’haptonomie (présence affective) m’aide beaucoup également.

Tout au long de mon parcours je me suis formée et me forme encore à  différentes approches:  communication non violente, formation en chaînes musculaires GDS pour enfants (forme de psychomotricité) et chaînes musculaires «  femme enceinte », approche sherborn (psychomotricité), formation en massage de type sensitif, en revécu émotionnel de la naissance, en mindfulness, tout en pratiquant le yoga…  Actuellement je me forme en massage Shiatsu.

Le dénominateur commun est la présence à soi et à l’autre par le toucher thérapeutique, haptonomique, et la parole aussi…pouvoir entendre, écouter, sentir, être.

Je suis arrivée à ce que je voulais au départ : être ergothérapeute et également travailler avec des enfants et autour de la naissance. Mes formations complémentaires m’ont permis de me former aux côtés « psy » et « kiné ».

Tu n’en serais jamais arrivée là si…

Si je n’avais pas eu cette passionnante professeur de psychologie, lors de mes études d’ergothérapie, qui nous a entre autre parlé de l’importance de l’écoute du bébé. 

Si je n’avais pas connu la maternité de Braine l’Alleud lors de la naissance de 3 de mes enfants. Cette maternité, pionnière dans l’écoute des besoins des parents et du bébé lors de la naissance,  pratiquait déjà en 1985 « l’accouchement sans violence » promulgué par le Dr Fréderick Leboyer.

Si nous n’étions pas aller à une conférence à l’école des parents et des éducateurs quand j’étais enceinte de notre premier enfant ,voir le film de Bernard Martino « le bébé est une personne » et fait la formation au même endroit de « parents efficaces », communication non violente etc…

Si je n’étais pas active au sein de l’association pour la préparation affective à la naissance( l’APAN) qui me permet toujours de partager sur notre vécu professionnel.

Tu accompagnes les futures mamans et les couples par l’haptonomie. En quoi l’haptonomie est-elle spécialement indiquée pendant la grossesse?

L’Haptonomie est avant tout une façon d’être et pas une « méthode ».

C’est une approche pour vivre ce temps particulier et très riche avant, pendant et après la naissance en considérant les 3 acteurs que sont le bébé avec autour de lui ses deux parents qui lui apportent une sécurité de base par leur présence affective. C’est un temps de transformation autant de l’embryon qui devient fœtus et enfant et à considérer comme une personne à part entière, que de la femme qui se transforme dans tout son être pour devenir mère, que l’homme qui apporte sa présence à sa compagne et à leur bébé et qui va devenir père. Ensemble ils vont créer « leur » famille dans le respect et l’écoute le plus possible des uns des autres. Chacun a besoin d’être écouté,  compris et reconnu dans ce qu’il vit.

Qu’est-ce qui t’a le plus marquée au travers de tes différents accompagnements? 

La singularité de chaque couple. C’est chaque fois une histoire unique. Ce qui me marque le plus c’est l’évolution – chacun à son rythme-  du bébé de plus en plus présent, et des deux futurs parents. C’est la joie de voir les parents qui voient comment leur enfant se manifeste et répond à leur présence par le toucher et la voix.

Si on te proposait de donner aux futurs parents 3 « conseils » ou 3 « règles d’or », ce serait…

1. lors d’un temps de présence au bébé chez eux, c’est  »profiter » de ce moment particulier pour être d’abord à l’écoute l’un de l’autre en se « posant » (gsm éteints;)) puis ensemble être en contact avec le bébé, par le toucher et la voix.

2. pouvoir dire au bébé ce que vous vivez (émotions) et lui dire que cela vous appartient ; qu’il n’a pas à le prendre pour lui. Le bébé avant, pendant et également pendant sa première année de vie, est une « éponge émotionnelle ».

3. quoique qu’il arrive le jour de l’accouchement, c’est le plus possible rester en présence affective à trois: le papa autour de la maman et ensemble autour du bébé.

Et enfin… Ne pas vouloir être des parents « parfaits » parce que des parents parfaits cela n’existe pas ! Des parents le mieux possible  à l’écoute de leur enfant, oui! Privilégier des moments de pleine présence affective à leur enfant.

De nos jours, il arrive de mettre en opposition les travail du corps médical (sages-femmes et  gynécologues) et celui des accompagnantes à la naissance comme toi (ou les doulas). Quelle est ton expérience? 

C’est un travail complémentaire et différent mais tous les deux importants et spécifiques.

Si chacun reconnaît le travail de l’autre et le respecte, il n’y a pas de problème .

Je ne vais pas souvent aux accouchements. Je n’ai pas vécu de tension avec le corps médical excepté une fois avec un gynécologue.

Tu proposes également des ateliers parents-bébé. En quoi cela consiste-t-il? Est-ce lors de ces ateliers que l’on peut faire un « revécu de naissance ». Et existe-t-il un âge limite pour l’enfant?

Les « ateliers parents bébé » se font soit en individuel, soit en groupe avec une de mes 2 collègues formées en « accompagnement affectif du bébé par le jeu » avec qui je fais les ateliers « massage bébé » dans deux consultations ONE à Bruxelles.

Les ateliers « parents bébé autour du jeu » permettent aux parents d’accompagner leur enfant dans son développement psychomoteur dans le respect de son rythme.

C’est aussi l’occasion de rencontrer et d’échanger avec d’autres parents et leur bébé.

Le revécu émotionnel de la naissance se réalise toujours en séance individuel (bébé et ses parents).

Il peut se pratiquer dès 1 mois de vie jusqu’à 14 ans (personnellement je m’arrête à l’âge de 7 ans).

Je suis déjà venue me faire masser chez toi. Tu m’avais d’ailleurs offert ces massages comme cadeaux de naissance (une super idée, plutôt que de recevoir un quinzième doudou!). Tu as des mains en or 🙂

Quel(s) type(s) de massage pratiques-tu? Pourquoi avoir choisi ceux-là?

Je me suis formée en massage sensitif belge, dans une très chouette école où l’aspect technique et également relationnel sont importants. Lors de cette formation professionnalisante, tout comme en préparation affective à la naissance, nous avons « travaillé » aussi beaucoup sur nous, notre rapport au toucher, à la nudité, au massé, aux ressentis, aux émotions etc.

C’est un massage englobant, unifiant qui permet de se poser et aussi d’être en relation avec qui on est.

D’après les feed-backs que tu reçois, quelles sont les zones du corps que les personnes massées préfèrent?

C’est très différent d’une personne à l’autre : un massé préfèrera le visage, un autre les pieds. Le dos et la nuque sont souvent appréciés car souvent tendus.

Nous connaissons bien les bienfaits du massage pour la personne massée. Et pour toi, qu’est-ce que cela t’importe en tant que masseuse?

Un moment privilégié de présence à l’autre à moi. Il se crée une ambiance propice au massage et à la détente. Quand je masse, je suis déconnectée de mes préoccupations. Je suis juste là dans cette relation qui se passe par le toucher, entre celui qui est massé et celui qui masse.

Plus d’une fois, la personne massée à l’impression que je danse autour d’elle. Il se passe quelque chose d’unique à chaque fois. J’aime tout simplement masser 🙂 et aussi de temps en temps recevoir un massage ;). Les cordonniers étant mal chaussés, parfois c’est un peu pareil pour les masseurs 😉 et pourtant c’est important de recevoir aussi.

Ce que tu aimes le plus au monde ?

L’humain en chacun. 

Ce que l’Homme peut créer de beau.. autant une œuvre d’art, un spectacle, une musique qu’une rencontre.

La force du lien.

Le besoin d’être en lien.

S’il y avait 1h de plus dans une journée, comment la passerais-tu ?

Avoir des moments seule dans la nature. 

Et en même temps à d’autres moments, partager des instants privilégiés et tous simples avec d’autres (ceux que j’aime et aussi ceux à découvrir).

Si tu avais un super pouvoir, que changerais-tu ?

Si j’avais un super pouvoir, faire que chacun puisse écouter vraiment l’autre et le respecter. Ainsi que de respecter la nature.

Faire que nous soyons à la fois dans la confiance en nous, en l’autre et en même temps humbles… J’ai souri aux mots d’une maman qui parlait de son bébé dans son ventre en disant « mon petit locataire » et en s’adressant à son compagnon en lui disant « l’amoureux » et lui à sa compagne « l’amoureuse » : ).

Tout un programme !

Une association, une initiative que tu aimerais faire connaître ?

Une association: Les petits riens.

Une initiative qui me tient à coeur : le Cocon à Erasme, ainsi que les maisons de naissance.


Pour contacter Véronique Docquier
+32 (0) 477 55 99 12
www.bienetrebiennaitre.be
Page Facebook
Pour aller plus loin
  • Frédérick Leboyer, Pour une naissance sans violence, Le seuil, 1974
  • L’association pour la Préparation Affective à la Naissance®
  • Le Cocon, gîte de naissance au sein de l’hôpital Erasme à Bruxelles
  • Les maisons de naissance, gérées par des sages-femmes, offrent la possibilité d’accoucher ailleurs qu’à l’hôpital, de façon moins médicalisée, avec une prise en charge globale de la santé
  • ASBL Les petits riens, entreprise d’économie sociale dont la mission est d’accompagner les personnes en difficulté afin qu’elles gagnent de l’autonomie de façon durable